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SIMON-CÉLESTIN CROZE-

MAGNAN

JACQUES-JOSEPH COINY

L'ArÉtin
D'AUGUSTIN CARRAChe

S.n., A la Nouvelle Cythère [Paris],

1798

L'Arétin d'Augustin Carrache, ou Recueil de postures érotiques, d'après les gravures à l'eau forte, par cet artiste célèbre, avec le texte explicatif des sujets.

 

Nouvelle édition, ornée de figures coloriées.

 

A la Nouvelle Cythère, 

Sans date, ni mention d'éditeur (Paris, Didot? circa 1798).

Texte de Simon-Célestin Croze-Magnan, estampes d'après Jacques-Joseph Coiny.

 

Un volume petit In-12 12,5 x 8 cm, 

Faux-titre, titre, 174pp. et 20 planches gravées à l'aquatinte et coloriées à l'époque sur papier fort.

 

Superbe reliure plein maroquin, richement ornée et dorée, en très bon état (la reliure est postérieure, l'ouvrage étant initialement paru sous couverture de papier et étui). Dentelle intérieure dorée, gardes décorées d'étoiles dorées, toutes tranches dorées.

Intérieur en tout aussi bon état. Les seuls défauts de l'exemplaire étant quelques traces de manipulations en marges et une gravure légèrement brunie.

 

 

Bel ouvrage, alliant l'imagerie classique de la mythologie antique à la modernité de la littérature érotique du Siècle des Lumières, fruit d'influences audacieuses essentiellement italiennes.

 

Certaines sources veulent que l'Arétin de Carrache soit inspiré des images de l'Amour des Dieux, gravées vers 1600 à Anvers par Pieter de Jode, mais le point de départ semble être une suite érotique de dessins à l'encre de Giulio Romano (Jules Romain), créée en 1521, certainement réalisées dans le cadre d'une commande privée et inspirée de L'Amour des Dieux, d'Ovide.

La suite fit scandale, mais l'auteur évita l'emprisonnement, notamment par la protection dont il bénéficiait de la part de la famille Médicis, et par le caractère privé de la réalisation de ses dessins.

 

C'est au graveur Marcantonio Raimondi que l'on doit la diffusion de ces postures érotiques en 1524, sous la forme d'une suite titrée I Modi (les positions), ou Les Seize plaisirs.

Aussi, l'entreprise de diffusion de ces gravures par Raimondi fit condamner ce dernier à l'emprisonnement, et l'édition originale fut entièrement détruite par l'Eglise.

 

C'est en 1527, avec la publication de la deuxième édition, que la suite érotique de Raimondi se voit pour la première fois associée aux fameux sonnets de l'Arétin, composés pour en être la symétrie. Des textes non moins explicites et tout autant scandaleux, qui entraîneront là encore l'emprisonnement de Raimondi, et la destruction quasi totale des exemplaires, dont il n'a subsisté que quelques fragments, ayant néanmoins permis à l'ouvre graphique de perdurer.

 

Mais c'est à la série gravée des Lascivie d'Agostino Carracci que l'ouvrage semble être une claire référence:

Dans cette suite de 15 scènes publiées autour de 1590, Carrache dépasse l'érotisme ambigu des nus antiques de la Renaissance en leur donnant une dimension ouvertement sexuelle, de manière parfois nettement explicite (Nymphe, Putto et Satyre enfant).

 

Agostino participera ensuite à la réalisation des fresques du palais Farnèse, à Rome, avec Annibale Carracci et son atelier, notamment pour la série des Amours des Dieux, peintures monumentales ornant la voûte de la galerie du Palais, inspirées des Métamorphoses d'Ovide, dépeignant des scènes hédonistes à l'érotisme classique, et qui seraient une célébration de l'amour, de la vitalité naturelle et de la beauté sculpturale et sexuée des corps.

 

A la fin du XVIIIème siècle, Simon-Célestin Croze-Magnan et Jacques-Joseph Coiny, dissimulés derrière de fausses attribution, publient donc L'Arétin de Carrache en 1798 chez Didot, au format In-4, à Paris.

L'ouvrage, à travers ses 20 tableaux, loin des dépravations sexuelles des ouvrages pornographiques de la fin du XVIIIème, est une ode à l'amour naturel, au plaisir pur, une éloge du corps, de la performance, de la vitalité, de la beauté d'une sexualité libre d'entraves morales ou culturelles.

 

L'exemplaire présent, de plus petit format, est rarissime, et toujours recherché, car illustré de la suite des gravures coloriées à l'époque, réduction des figures In-4 de l'édition précédente.

 

Bel ouvrage, en état de conservation non moins remarquable.

9500 €

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